L’objectif du quadriennal est double : d’une part, la finalisation des études et analyses en cours sur Djoumboulak Koum et son oasis, préalable à la publication monographique du site ; d’autre part, l’avancement des études et analyses sur le Cimetière Nord de la Keriya et le développement de l’étude comparative avec Xiaohe pour l’âge du Bronze.
Les recherches sur l’âge du Bronze constituent un objectif de longue haleine. Pillé en 2009, mais riche en vestiges organiques de toute sorte (coffres, structures et objets en bois ; restes humains et animaux ; textiles, cuir et peaux ; grains et végétaux ; vanneries, objets en os, corne ou plumes), le Cimetière Nord de la Keriya comportait deux niveaux de sépultures, signalées par de grands poteaux attestant un symbolisme sexuel inversé (poteau « phalliques » associés aux sépultures féminines, poteaux dont la forme de pagaie évoque un sexe féminin associés aux sépultures masculines). Certains coffres funéraires intacts, encore scellés par des peaux de bœuf ou de mouton fraichement abattus, renfermaient des corps desséchés plus ou moins bien conservés. Ces momies naturelles, enveloppées dans leur linceul et vêtues d’un pagne, d’un bonnet et de bottines emplumés, étaient accompagnées de vanneries renfermant des grains de millet ou des branchettes d’éphédra et de divers objets, fonctionnels ou factices, à la fonction parfois énigmatique (insignes, objets bipartites en forme de phallus en bois enserrant des poils ou des restes de lézards desséchés, etc.). Ces vestiges constituent pour l’instant les traces de la plus ancienne phase de peuplement connue dans la région. La mise en évidence d’étroites relations entre le Cimetière Nord de la Keriya et celui de Xiaohe, situé à plus de 600 km vers l’est (fouilles dir. A. Idriss), fournit de nouveaux jalons pour l’étude de cette période, mal documentée jusqu’à récemment au Xinjiang.
L’étude et l’analyse de cette masse de vestiges constitue un engagement sur plusieurs années mobilisant un groupe de chercheurs pluridisciplinaires. Conjuguées aux informations inédites recueillies lors de nos prospections sur le mode d’occupation des territoires et les restes d’habitat associables aux vestiges funéraires, ces découvertes permettent d’aborder l’âge du bronze au Xinjiang en termes de d’ensembles ou de cultures régionales – il s’agit de les caractériser plus finement, préciser leur chronologie et mieux cerner leurs limites d’extension et de diffusion. Elles fournissent aussi de nouvelles pistes pour éclairer les relations entre les populations installées dans les oasis du bassin du Tarim et dans les zones de montagnes et piémonts (Kunlun-Karakorum au sud, Nanshan et Tianshan au nord), et celles avec les populations des steppes septentrionales de Djoungarie au Xinjiang, et au-delà en Asie centrale. C’est ce à quoi la mafcx s’attache aujourd’hui.