La Mission

Prenant appui sur l’analyse d’images satellitaires, la mission a tenté, avec succès, de vérifier l’hypothèse de l’existence de peuplements anciens dans le désert de Taklamakan en explorant les paléo-deltas intérieurs d’une rivière qui le traversa jadis, la Keriya (région de Khotan).

Les sites découverts attestent l’existence d’anciennes occupations d’oasis depuis au moins l’âge du Bronze jusqu’aux premiers siècles de notre ère, dans des zones aujourd’hui totalement désertiques et désertifiées. Leur étude permet de restituer une évolution sur la longue durée du peuplement des deltas fossiles de la Keriya et de leurs oasis, centrées sur une bourgade principale:

Karadong, site antique du IIIe-IVe siècle, a livré des vestiges comptant parmi les plus anciens sanctuaires et peintures bouddhiques de Chine.

Djoumboulak Koum (Ier millénaire av. J.-C.), village fortifié et ses nécropoles dans une vaste oasis jadis irriguée, a renouvelé les connaissances en donnant au Xinjiang sa place dans le développement des sociétés agricoles sédentaires de l’Asie centrale. Classé en Chine « site d’importance nationale », il fait référence pour l’âge du Fer..

Plusieurs ensembles inédits de l’âge du Bronze (c. 2200-1500 av. J.-C.) témoignent de liens avec le monde des steppes comme avec les oasis d’Asie centrale occidentale. Parmi eux, le Cimetière Nord, jumeau de l’exceptionnel cimetière de Xiaohe fouillé par l’Institut d’archéologie du Xinjiang (dir. A. Idriss) dans la région du Lopnor.

Ces découvertes contribuent à combler un vide dans l’histoire du Xinjiang et des régions voisines pour la période comprise entre le IIIe et le début du Ier millénaire avant notre ère. Elles ouvrent des perspectives nouvelles pour la compréhension des liens entre le Xinjiang, le monde chinois et celui des steppes aux hautes époques. Elles révèlent enfin l’existence d’une civilisation évanouie du Bronze, dont on ne fait que commencer à percevoir l’ampleur et dont la reconnaissance repose en grande partie sur l’étude de matériaux périssables. Nous nous consacrons aujourd’hui à l’étude et à la caractérisation de ces vestiges ainsi qu’à la recherche de leurs antécédents.

L’exceptionnelle richesse des sites en matériaux organiques (restes animaux et végétaux desséchés, momies naturelles, textiles, fourrures, objets en bois et autres matières périssables) est à l’origine du programme pluridisciplinaire « Bioarchéologie. Momies, textiles et couleurs » adossé à la mission, qui est aussi l’un des programmes transversaux de l’équipe ArScAn-Asie centrale. Par son impact méthodologique

Par son impact méthodologique et scientifique, la mission a fortement influencé le développement des recherches sur la protohistoire du Xinjiang et inspiré de nombreuses actions de formation. Ses travaux, plusieurs fois primés, ont fait l’objet d’une exposition (Paris, 2001) et d’un film documentaire.